Face à un enfant qui n’est pas capable d’exécuter, d’automatiser certains mouvements ou de prononcer certains mots, vous devez penser à faire un diagnostic de la dyspraxie. Lorsqu’il n’est pas diagnostiqué, ce handicap totalement invisible est considéré comme de la paresse ou de la fainéantise chez l’enfant, surtout dans le cadre de l’apprentissage. Comprendre comment se manifeste la dyspraxie chez l’enfant vous permet de détecter au plus tôt ce handicap en vue d’offrir une prise en charge adaptée à votre enfant.
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Qu’est-ce que la dyspraxie ?
Étymologiquement, le mot dyspraxie vient du grec « dys » qui signifie « mauvais fonctionnement, difficultés » et « praxis » qui veut dire « action ». La dyspraxie est donc une mauvaise coordination de la gestuelle. Le terme qui est désormais admis pour désigner la dyspraxie est « trouble du développement de la coordination (TDC) ».
Il faut savoir qu’un geste se compose de plusieurs mouvements qui font l’objet d’une coordination dans l’espace et dans le temps et ayant pour but de réaliser une action volontaire. La dyspraxie est une anomalie de la réalisation des gestes.
Selon le docteur Alain Pouhet, il s’agit d’une pathologie de la conception, de la planification et de la programment. Elle se manifeste par une incapacité à réaliser automatiquement les gestes appris, alors qu’aucune parésie des muscles ni aucune paralysie n’a été détectée.
Dyspraxie, une maladie neurologique
Le diagnostic de la dyspraxie est posé en l’absence de toute paralysie. Cela veut dire qu’il ne s’agit pas d’un trouble d’origine musculaire ou lié à la constitution de la personne touchée. La dyspraxie est une maladie d’origine neurologique.
En effet, lorsqu’un enfant vient au monde, son cerveau est équipé d’une boîte à outils qui rend possibles la coordination, la planification et la programmation des gestes volontaires à l’issue du temps d’apprentissage.
Avec le temps, les gestes s’automatisent, permettant à l’enfant d’exécuter simultanément une action. Ce mécanisme est connu sous le nom de « double-tâche ». Le fait d’écouter et d’écrire par exemple constitue une double-tâche. Pour parvenir cependant à réaliser ces gestes, l’enfant s’appuie sur des repères dans l’espace qui sont liés les uns aux autres.
Il peut arriver que le cerveau ne parvienne pas à détecter ces repères. Il n’est pas capable de donner les bonnes instructions au corps afin que celui-ci réalise les bons mouvements. C’est ce dysfonctionnement qui constitue une dyspraxie qui est alors considérée comme un trouble cognitif.
Il existe deux types de dyspraxies en fonction de l’origine :
- la dyspraxie lésionnelle dont l’origine est connue ;
- la dyspraxie développementale pour laquelle aucune lésion cérébrale n’est détectée.
En raison de ces particularités, la dyspraxie se manifeste différemment d’un enfant à l’autre. Cependant, dans la plupart des cas, les manifestations sont les mêmes.
Les difficultés d’apprentissage des gestes
Chez l’enfant dyspraxique, certains gestes appris sont plus difficiles à réaliser que d’autres. Alors qu’il évolue dans son apprentissage à en réaliser certains, d’autres sont difficiles et même impossibles à faire. Il n’y a donc pas de gestes types qui indiquent que votre enfant souffre de dyspraxie. Il ne tient qu’à vous d’être attentif.
Les troubles neuro-visuels
L’autre particularité de la dyspraxie chez l’enfant, c’est la défaillance de leur acuité visuelle. Certains vont souffrir de mauvaises saccades oculaires. Il s’agit de troubles qui provoquent des déficiences des mouvements oculaires appris dès la naissance. On compte en tout 3 types de saccades qui sont affectées par la dyspraxie :
- la capacité à fixer un objet ;
- la poursuite oculaire, c’est-à-dire la capacité à suivre du regard d’un objet qui se déplace de manière fluide ;
- le changement de direction à travers des mouvements brefs et rapides de l’œil, une saccade très importante pour la mémoire spatiale et l’attention sélective.
En raison des troubles neuro-visuels qui affectent les saccades, votre enfant souffrira d’un déficit de la représentation spatiale, de l’exploration visuelle, de l’organisation de l’espace et de la perception.
Les troubles des gestes articulatoires
L’enfant dyspraxique peut également développer des troubles des gestes articulatoires. Il aura des difficultés à déglutir et cela l’empêchera d’avoir une expression orale audible.
Les différents types de dyspraxie
Pouvant se développer distinctement ou tous ensemble, tous les signes susmentionnés peuvent cacher plusieurs formes de dyspraxies. L’enfant dyspraxique peut être atteint de dyspraxie motrice ou de dyspraxie verbale.
La dyspraxie motrice
Lorsqu’elle est motrice, la dyspraxie touche principalement la coordination de la gestuelle des membres (mains, pieds) et d’autres parties du corps.
Elle peut alors affecter la capacité de l’enfant à manipuler les objets ou à les tenir ; il lui échappe très aisément sans qu’il soit capable de les retenir. Elle rend l’enfant maladroit. Des gestes simples comme s’habiller ou manger seul sont des défis pour lui. Il ne sera pas capable par exemple d’attraper un ballon, d’utiliser les ustensiles convenablement ou d’assembler des objets. Pour les enfants dyspraxiques, tenir un stylo ou un crayon demande énormément d’effort. Ils ont du mal à écrire, à dessiner ou à faire du coloriage.
Elle peut aussi affecter sa capacité à marcher et/ou à se tenir debout. L’enfant atteint de dyspraxie motrice aura donc tendance à tomber très souvent ou à être lent à apprendre la marche. Il peut également rencontrer des difficultés pour faire du tricycle ou du vélo. Il a des difficultés à descendre ou à monter des escaliers, à sauter, à courir ou à frapper dans un ballon.
La dyspraxie verbale
Cette forme de dyspraxie rend difficiles la programmation et la planification des mouvements des cordes vocales, des lèvres et de la langue. L’enfant dyspraxique verbal a donc du mal à se faire comprendre, parce que sa capacité à produire des sons est affectée. Sa prononciation et sa locution se développent plus lentement.
Il est plus difficile pour l’enfant atteint de cette forme de dyspraxie d’articuler les mots. Parfois, il prononcera de manière différente certains mots, et cela, à des occasions diverses. Il aura plus de facilité à prononcer les mots à une syllabe que ceux qui en contiennent plusieurs.
La dyspraxie chez l’enfant : ce qu’il faut retenir
À l’instar de la plupart des troubles DYS, la dyspraxie est un handicap qui apparaît dès l’enfance. Environ 6% des enfants sont touchés et il s’agit majoritairement de garçons.
La méconnaissance de ce trouble fait qu’il est le plus souvent assimilé à une déficience intellectuelle chez l’enfant. Vous devez savoir que le diagnostic de dyspraxie n’est posé que lorsque les troubles sensoriels ou les déficiences intellectuelles sont écartés.
De même, beaucoup de parents considèrent alors que leur enfant est paresseux ou qu’il manque de volonté. Or, il n’en est rien. La dyspraxie chez l’enfant est causée par une déficience neurologique qui, elle-même, découle d’une altération génétique. Cela veut dire qu’un enfant ayant un parent dyspraxique a des chances de souffrir de ce handicap.
Lorsque vous reconnaissez chez l’enfant une ou plusieurs manifestations de la dyspraxie chez votre enfant, il est recommandé de consulter un médecin. Si le diagnostic est posé, il devra consulter de manière régulière un ergothérapeute pour une amélioration de ces capacités motrices.
En amont, il faudra également informer la crèche, la garderie ou l’école que votre enfant souffre de ce handicap. Ils doivent être sensibilisés à l’attitude à avoir vis-à-vis de lui dans le processus d’apprentissage ou de jeu.